Résumé
Dans la France traumatisée par la débâcle de 1940, le secours d’urgence n’est plus seulement une nécessité, c’est une institution d’État. À sa tête, le Secours national, fort de ses 47 000 salariés et bénévoles, distribue nourriture, vêtements et subventions au nom du maréchal Pétain et de la Révolution nationale. Placées sous sa coupe, les œuvres privées revendiquent tantôt leur indépendance, tantôt leur neutralité, quand d’autres appellent à une Collaboration accrue ; toutes le font au prix de négociations, de résistances comme de compromissions, avec le régime de Vichy.
Ce qui apparaît en creux dans les sources et les témoignages, c’est cette France complexe dans laquelle des maréchalistes s’engagent dans la Résistance et des hommes de gauche dans la Collaboration. Car entre l’application des lois antijuives de Vichy et les dénonciations, au-delà du favoritisme et de la corruption, la nébuleuse humanitaire a aussi été le lieu de sauvetages d’enfants juifs, de mises en place de réseaux de Résistance et du maintien d’une certaine forme de solidarité.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Nouveaux besoins, nouveaux acteurs
La renaissance du Secours national
Des auxiliaires de la défense passive aux Artisans du devoir patriotique
L’unification des sociétés de Croix-Rouge
Premiers bras de fer avec les Allemands
« L’œuvre des œuvres »
La triple mission du Secours national
Une tutelle contestée
Un État dans l’État
Des « victimes civiles » de plus en plus nombreuses
Une action multiforme
De l’urgence à l’action sociale
Robert Garric et les Sociaux
Le développement du service social
Un développement contesté
Un fonctionnement bureaucratique
Une organisation parapublique
Salariés et bénévoles
Des ressources très douteuses
Au secours, Maréchal !
L’instrumentalisation du Secours national
Les artisans du devoir patriotique, des vichysso-résistants
Une dérive fasciste ?
Secours d’hiver, secours d’Hitler ?
Le Comité ouvrier de secours immédiat
Marcel Déat, ministre de la Solidarité nationale
Résistances
Pingouin et Goéland
Engagement résistant et résistance civil
Les services sociaux de la Résistance
Liquider le passé ; bâtir l’avenir
Le COSI : retrouver l’argent
La mort lente des Assistants du devoir patriotique
Du Secours national à l’Entraide française
La difficile réorganisation de la Croix-Rouge française
Conclusion
Liste des sigles
Sources d’archives
Index des noms propres
Autour de l'auteur
Jean-Pierre Le Crom est historien du droit et directeur de recherche au CNRS. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du droit social et de ses acteurs, notamment Syndicats, nous voilà (L’Atelier) et, en codirection, La Protection sociale sous Vichy (Presses universitaires de Rennes).