Résumé
Les cabinets « Big Four » (KPMG, Ernst and Young, PricewaterhouseCoopers et Deloitte) sont les quatre plus grands groupes de conseil et d’audit au monde, proposant une multitude de services aux entreprises. Ils occupent une place centrale dans le secteur économique et constituent une carte de visite prestigieuse permettant d’accélérer les carrières de ceux qui y travaillent. Analyser leur fonctionnement ainsi que les valeurs que partagent leurs membres offre un aperçu de l’éthique de cette élite des affaires dont le succès auprès des jeunes recrues ne se dément pas.
Ces cabinets sont marqués par une vie courtisane très forte et les salariés les rejoignent moins par référence au métier que par attirance pour l’idée de compétition. Le passage par l’un d’eux a une fonction de distinction sociale qui donne aux individus le sentiment d’appartenir à une élite sélective : le goût du classement, la ca-pacité à résister au stress, à la fatigue, à une charge de travail colossale, sont des signes de supériorité qui définissent la valeur de l’expérience. Le travail tend donc à être vécu comme un sport où, à défaut de convic-tions personnelles sur l’utilité du métier, l’important est de gagner.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Première partie – En quoi l’activité est-elle contraignante et incertaine pour les auditeurs ?
Chapitre I – Les contraintes du métier
Maîtriser un savoir intellectuel pointu
Développer d’excellentes qualités commerciales
Se conformer au moule de l’identité professionnelle
Vers une analyse de la socialisation en train de se faire
Chapitre II – Les contraintes générées par le système up or out
Les mécanismes du système up or out : évaluations, staffing et exclusion du cabinet
Le système d’évaluation
Le staffing
La sortie du cabinet : un départ volontaire mais suggéré
Être entrepreneur de sa réputation
Variabilité des situations de travail
Le rôle des non-auditeurs
La réputation obéit à des logiques sociales
Alliances
L’influence de caractéristiques sociales exogènes
Cercles vicieux et cercles vertueux
L’apprentissage : apprendre le pragmatisme ou intégrer la technique ?
Le schème pragmatique
Le schème technique
Les soubassements sociaux
Propos d’étape
Deuxième partie – Pourquoi travailler en audit dans un Big Four?
Chapitre III – Quelles raisons d’agir ?
Le caractère formateur du métier
Décalage entre les compétences requises et la réalité
La carrière
Les auditeurs cherchent des opportunités de promotion
La recherche des promotions est encouragée par le groupe
Une définition du métier orientée vers la recherche des chances de promotion
Des perspectives de carrières très sectorisées
La rémunération
Une rémunération confortable
Une rémunération perçue comme faible relativement à la charge de travail
Chapitre IV – Distinction et auto-affirmation. Le prestige et le statut
Appartenir à l’élite des affaires
Addiction à la reconnaissance sociale et au statut
Les fondements du caractère élitiste du groupe
La force de travail
Excitation et finesse
Compétition et distinction
Classement et mise à l’épreuve
La distinction comme source d’angoisse
Le système up or out est une autoreprésentation de la compétition
Le statut social comme finalité en soi aux dépens de la profession
Supériorité dans la dépendance
La sanction des transgresseurs
Propos d’étape
Chapitre V – Un ethos agonistique
Qu’est-ce que l’ethos agonistique ?
Inscription dans le champ – vers une analyse comparée des Big Four et des Big Three
La socialisation scolaire
Propos d’étape
Troisième partie – Comment évolue le rapport à l’expérience en fonction du succès ou de l’échec
Chapitre VI – Carrière objective versus carrière subjective
La carrière objective et l’évolution de ses modalités
La carrière morale
Chapitre VII – Trois types de reconfiguration du rapport au travail
Premier profil : le « jobard »
Deuxième profil : l’« intégré-distancié »
La distance au rôle
Soutien familial et sociabilité extra-professionnelle
Obtenir un poste valorisant hors du cabinet
Troisième profil : le forfait
Propos d’étape
Conclusion
Autour de l'auteur
Sébastien Stenger, titulaire d’un doctorat d’HEC Paris, est enseignant chercheur dans une école de commerce à Paris (ISG) et à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Ses travaux de recherche portent principalement sur les méthodes de management des cabinets d’audit et de conseil.
Préface de François Chevalier