Résumé
Bergson et la politique, ce sont d’abord des relations connues ou méconnues, parfois les deux à la fois ! Ce sera la relation avec son condisciple, Jean Jaurès : elle n’est pas seulement un débat métaphysique essentiel de jeunesse, mais elle traverse leurs vies et leurs œuvres, jusqu’aux limites brûlantes de deux guerres, en 1914 et en 1941. Ce sera la reprise, la surprise, avec la lecture que Mohammed Iqbal et Leopold Senghor font de la « Révolution de 1889 », de son Essai, donc, avant même l’apparition de « l’ouvert » dans Les deux sources de la morale et de la religion. Ne seront pas oubliées non plus, bien sûr, les avancées encore méconnues de ce dernier livre, qu’il faut reprendre pour lui-même et dans ses effets eux aussi inat-tendus, depuis la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme de l’ONU, en 1948, jusqu’à aujourd’hui.
Tels sont les éléments du présent volume que souligne d’abord la préface de Vincent Peillon. Il comprend des inédits (lettres de Bergson à Ferdinand Buisson, article fondateur de Souleymane Bachir Diagne) et un double dossier (Bergson et Jaurès, coédité avec la société d’études jauressiennes, Bergson et la politique, issu de rencontres internationales récentes) qui renouvellent en profondeur ces questions. Il comprend aussi des Varia qui reviennent au centre de sa philosophie (la durée), de ses relations (d’Aristote à Wittgenstein) et de sa réception (de l’Espagne à l’Argentine).
Comme si, dans cette relation aujourd’hui reprise entre Bergson et la politique se jouaient les questions les plus tendues, tout à la fois de son œuvre singulière et du siècle entier.
Caractéristiques
Sommaire
Préface, par Vincent Peillon
Présentation générale, par Frédéric Worms
INÉDITS
I. lettres de Bergson à Ferdinand Buisson
éditées, présentées et annotées par Gilles Candar
II. Souleymane Bachir Diagne, « Bergson dans les colonies. Intuition et durée dans la pensée de Senghor et Iqbal »
traduit, présenté et annoté par Yala Kisukidi
DOSSIER
Bergson et la politique : De Jaurès à aujourd’hui
I. Bergson et Jaurès
– Bruno Antonini, présentation : « Le premier colloque “Bergson et Jaurès” »
– Gilles Candar, « Vies normaliennes »
– Vincent Duclert, « Bergson-Jaurès. De la dispute des systèmes à la dignité de la philosophie »
– Camille Riquier : « Jaurès, un chaînon manquant entre les Données immédiates et Matière et Mémoire »
– Bruno Antonini, « Bergson et Jaurès en vis-à-vis : une métaphysique du politique face à une politique du métaphysique »
– Frédéric Worms : « Bergson et Jaurès : la justice et l’histoire »
II. Bergson et la politique
– Présentation, par Florence Caeymaex, Antoine Janvier et Arnaud François
– Ghislain Waterlot, « Luxe et simplicité dans la pensée politique de Bergson. Politique et mystique face à la guerre »
– Antoine Janvier, « Écart émotif et création politique : une lecture deleuzienne des Deux sources »
– Caterina Zanfi, « Le sujet en société chez Bergson : du moi superficiel à la société ouverte »
– Yala Kisukidi, « Création, universalisme et démocratie : la philosophie politique de Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion »
– David Amalric, « Ouvrir le clos. Politique bergsonienne et sens pratique des Deux sources »
– Ondrej Švec, « La fragilité de la démocratie face au défi de la technique »
– Florence Caeymaex, « La société sortie des mains de la nature. Naturalisme et biologie dans Les deux sources
VARIA
A. Études générales
– Arnaud François, « Sur le Quid Aristoteles de loco senserit de Bergson »
– Tatsuya Murayama, « Portrait de famille ? Bergson et le dernier Wittgenstein »
– Sébastien Miravète, « La durée bergsonienne comme nombre spécial »
– Pascal Blanchard, « N’y a-t-il de réel que ce qui est actuel ? »
– Ioulia Podoroga, « Plan des images et plan des concepts chez Bergson. Fonctions de la durée »
B. Bergson dans le monde
– Camille Lacau-St-Guily, « Encombres, gênes et résistances : les singulières “rencontres” du bergsonisme en Espagne (1889-années 1920) »
– Michel Dupuis, « Leonardo Coimbra et la réception de Bergson au Portugal »
– Jorge Martin, « Un maître oublié de Bergson »
– Thalia Kanteraki, « Les études bergsoniennes en Grêce aujourd’hui »
Autour de l'auteur
Frédéric Worms est professeur d’histoire de la philosophie contemporaine à l’Université de Lille III (membre de l’UMR « Savoirs, textes et langage ») et directeur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine à l’École normale supérieure de Paris.