Résumé
Premier volume de la célèbre « trilogie américaine », portrait d’une vie et vaste fresque de l’Amérique en proie aux turbulences des années soixante, American Pastoral de Philip Roth se présente comme un roman à la fois subversif et déroutant, tissé de con-tradictions et de paradoxes, jalonné d’abruptes ruptures narratives et stylistiques.
La satire sociale féroce et décapante y cohabite avec une nostalgie vibrante pour l’Amérique d’autrefois, celle des manufactures prospères et des « neighborhoods » chaleureux. L’évocation brutale, sans concession, des événements historiques se double d’une méditation ambiguë sur la fragilité et l’imprévisibilité des destins individuels. Elle débouche sur une réflexion épistémologique laissant une large part à l’ironie et au doute.
Fidèle à sa veine métafictionnelle, Philip Roth se livre en outre à une brillante démonstration des pouvoirs infinis de la fiction. Il met en scène dans une prose riche d’images et de symboles ce qui constitue à ses yeux le propre même du génie américain et peut-être de l’être humain : la foi dans la possibilité de se réinventer, le temps d’un rêve – ou celui d’un cauchemar.
Oscillant sans répit entre l’ironie et le lyrisme, la distance et l’empathie, American Pastoral se présente comme une réalisation magistrale : du bel œuvre, cousu main, par un auteur qui sait ne pas prendre de gants.
Caractéristiques
Sommaire
Chapitre premier. — Le mirage pastoral
1. La « pastorale », un concept ambigu
2. Le mythe incarné, l’Amérique dans la peau
3. La surface et les masques
4. Un narrateur en proie au mirage pastoral ?
5. Même les juifs
Chapitre II. — Le mythe pulvérisé : l’hybride, le pluriel et l’impur
1. Les visages de l’histoire
2. Du rêve au cauchemar
3. Ironiques croisements
4. Merry, ou l’explosion de l’incontrôlable
5. Jeux de miroir, confusion, vertiges
Chapitre III. — Perspectives
1. Le temps des remords, le savoir contrarié
2. Des mots pour le dire ? Le spectre de l’aphasie
3. « Avoir faux » : le décalage assumé
4. Vertus de l’invention
Surtout ne pas conclure : sursis, « contrevie », survie
Autour de l'auteur
Paule Lévy est professeur de littérature américaine à l’Université de Versailles-Saint Quentin. Ses recherches portent sur la littérature américaine, en particulier celle du vingtième siècle, les littératures dites « minoritaires » aux États-Unis, et l’écriture féminine. Elle a publié tant sur des auteurs du mainstream ( Edgar Poe, Charlotte Perkins Gilman, Robert Frost, John Dos Passos, Raymond Chandler) que sur des auteurs juifs américains ou coréens américains. Elle est notamment l’auteur d’un ouvrage intitulé Figures de l’artiste : identité et écriture dans la littérature juive américaine de la deuxième moitié du vingtième siècle (pu de Bordeaux, 2006).