Résumé
Que font les inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, les statisticiens du ministère ou les experts de l’OCDE quand ils disent évaluer l’école française ? Assistons-nous à la mise en œuvre d’une véritable politique d’évaluation en la matière et quelle en serait la logique ? En éducation, l’évaluation suscite périodiquement des débats depuis plus de quarante ans. Mais au-delà de ces discours, nombreux, les pratiques effectives des évaluateurs, et leur signification politique, sont peu connues.
Sur la base d’une enquête de terrain de quatre ans auprès des acteurs nationaux de l’évaluation, l’ouvrage retrace l’évolution de cette politique éducative depuis 1958. Il montre qu’en raison des incertitudes caractérisant les attentes des décideurs et des acteurs du système éducatif, et du flou officiel qui entoure la notion d’évaluation, cette politique s’explique principalement par la concurrence que se livrent les évaluateurs entre eux, concurrence qui porte sur le type de connaissance qu’ils peuvent proposer aux décideurs.
À la croisée de la sociologie, de la science politique et des sciences de l’éducation, l’ouvrage interroge ainsi un aspect peu étudié du système éducatif français et propose un nouveau regard sur les enjeux contemporains liés à sa régulation et au poids des groupes professionnels dans l’action publique.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. Sociologie cognitive d'une politique éducative
Des évaluateurs nationaux peu étudiés
Une entrée par les méthodes d'évaluation
Groupes professionnels et action publique
Formes et dynamiques de la concurrence entre évaluateurs
PREMIÈRE PARTIE. — ÉVALUER : UNE LOGIQUE D'OFFRE
Chapitre II. Les incertitudes de la demande politique d'évaluation
Une institutionnalisation progressive depuis 1958
Les principales fonctions assignées à l'évaluation
Les réactions politiques à l'évaluation, jamais univoques
L'évaluation : les contours du flou
Les incertitudes de la régulation par l'évaluation
Chapitre III. Les sciences de l'évaluation et leurs fondements : les évaluateurs officiels
Les inspecteurs généraux et l'art de l'extrapolation empirique
Les statisticiens et la science du constat chiffré
Chapitre IV. Les sciences de l'évaluation et leurs fondements : les évaluateurs latents
Les magistrats de la Cour et le droit général des finances publiques
Les experts de l'OCDE et l'économie comparée de l'éducation
Les chercheurs et l'évaluation : science académique ou science de gouvernement ?
SECONDE PARTIE. — CONCURRENCE COGNITIVE ET ACTION PUBLIQUE
Chapitre V. Le magistère des inspecteurs généraux (1958-1992)
Évaluer les élèves : art ancestral ou science nouvelle ? (1958-1984)
Évaluer les établissements scolaires : le rôle moteur de certains inspecteurs généraux (1984-1992)
Chapitre VI. L'évaluation du système éducatif, miroir projeté d'en haut (1987-1997)
Intégrer les travaux des chercheurs : de multiples voies
Envisager le système éducatif dans son ensemble : avec ou sans les autres
Théoriser l'évaluation : l'effet miroir et ses présupposés
Chapitre VII. Vers une concurrence sans leader ? (1997-2008)
L'évaluation du système éducatif de 1997 à 2005 : briser le miroir ?
Évaluer la performance de l'action de l'État : le tournant de 2005-2006
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes méthodologiques
Autour de l'auteur
Docteur en science politique, Xavier Pons est maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil (Largotec, UPEC) et chercheur associé à l’Observatoire sociologique du changement (OSC, Sciences Po).