En libraire le 4 janvier 2023
Napoléon III
Xavier Mauduit
La vie de Louis-Napoléon Bonaparte est une épopée. Fils de roi et neveu d’empereur, son avenir semble radieux. Exilé à la chute de l’Empire, il combat pour la liberté en Italie puis tente par deux fois de prendre le pouvoir en France. Condamné à l’enfermement à perpétuité, il s’évade et rejoint Londres où il mène une vie de dandy, sans perdre ses ambitions politiques. Après la révolution de 1848, élu au suffrage universel masculin, il devient président de la République, le premier de notre histoire. Un an après le coup d’État de 1851, il restaure l’Empire et prend le nom de Napoléon III.
« Nain immonde » pour Victor Hugo, « crétin » selon Adolphe Thiers, peu de chefs de l’État ont été autant insultés. Marqué d’une légende noire, son règne a longtemps été décrié. Pourtant, de 1852 à 1870, le Second Empire marque profondément la France, l’Europe et le monde, de la Chine au Mexique. C’est une défaite militaire face à la Prusse qui provoque la fin d’un règne essentiel dans notre histoire, par l’image donnée au pouvoir, la « fête impériale », et par la proposition politique, le césarisme. Napoléon III est un destin français, celui du dernier souverain que la France a connu.
La conversion écologique des Français
Philippe Coulangeon, Yoann Demoli, Maël Ginsburger, Ivaylo Petev
À partir des données d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de la population française en 2017, ce livre analyse les dimensions sociales et politiques de la transition écologique. Il souligne la diffusion large mais inégale des préoccupations environnementales, et montre que la prise de conscience des enjeux ne s’accompagne pas nécessairement de l’adoption de pratiques orientées vers la sobriété et la préservation de l’environnement.
Quatre types de profils ressortent de cette articulation problé-matique des attitudes et des pratiques : « consumérisme assumé », « éco-consumérisme », « éco-cosmopolitisme » et « frugalité sans intention ». Une telle typologie suggère la complexité des arbitrages associés aux politiques de la transition écologique, qui articulent des enjeux de justice sociale et d’efficacité environnementale, et qui, parce qu’ils mobilisent les répertoires de l’incitation ou ceux de la contrainte, n’opèrent pas de simples choix techniques. Ils s’inscrivent dans le cadre des fractures sociales, économiques, culturelles et territoriales qui traversent la société française et mettent en jeu des intérêts divergents, illustrant par là leur dimension proprement politique.
La Grande Histoire et la petite
Sous la direction de Jacques André, Catherine Chabert et Françoise Coblence, avec Maurice Borgel, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, Alejandro Rojas-Urrego, Kalyane Fejtö et Dinah Rosenberg.
Il y a autant de façon d’intriquer Grande et petite histoires qu’il y a de vies singulières. D’abord parce que les « grandes » histoires, les histoires collectives, ne véhiculent pas les mêmes sens et non-sens. Pour s’en tenir à celles que ce livre évoque : l’assassinat d’un père par la milice, l’exil d’un réfugié rohingya fuyant le massacre, la vie analytique sur fond de terreur en Colombie, la vie sauvée loin de la dictature de Poutine… L’intrication des deux histoires est l’objet de cet ouvrage, en même temps qu’une interrogation sur l’ouvrage de la psychanalyse quand elle se trouve ainsi confrontée à la rencontre violente de la réalité du monde et de la réalité psychique.
En libraire le 11 janvier 2022
24 heures de la vie de Socrate
Sandrine Alexandre
Socrate est, à l’égal du Christ ou de Gandhi, l’une des figures majeures du panthéon de l’humanité. Et comme elles, il incarne une rupture par rapport à son époque, ce qui, comme elles aussi, lui coûtera la vie. Socrate est subversif. C’est cette dimension du personnage que l’auteur entend souligner. Le livre relate la dernière journée de Socrate et montre comment cette issue tragique est liée au fait que Socrate est sans cesse en décalage par rapport aux institutions, dans des domaines comme la pédérastie, la justice, le jeu démocratique, l’articulation du beau et du bon, les banquets et les convenances, la religion civique. Socrate refuse la procédure de défense en usage, Socrate s’occupe des affaires de tout le monde, Socrate est systématiquement en retard, Socrate est particulièrement laid et ne fait rien pour se faire beau… En un mot : Socrate est étrange, bizarre. C’est ce caractère atopos en grec, atypique, que le livre explore, à travers le récit de cette journée fatale et de toutes celles qui précèdent, où Socrate dit et fait des choses… inconvenantes.
Traité des mondes factices
Pierre Déléage
Vous est-il arrivé de douter de la réalité du monde autour de vous ? Avez-vous déjà été hanté par certains indices troublants, par une sensation d’hallucination généralisée, par une impression tenace de mystification ? N’avez-vous jamais pensé que votre vie entière n’était qu’illusion, contrefaçon et même imposture ? Peut-être aviez-vous raison : il faudrait alors vous résoudre à vivre dans un monde factice. De Gabriel Tarde à Maurice Renard, de H. G. Wells à Philip K. Dick, David Cronenberg ou Ted Chiang, une riche lignée d’écrivains et de cinéastes a été obsédée par ce sentiment diffus d’irréalité. Ils ont, dans leurs récits, imaginé puis fait l’expérience d’une multitude de mondes faux, dans lesquels on croise, avec jubilation et inquiétude, des humains réduits à l’état de cobayes par des extraterrestres, des scientifiques fabriquant des simulacres d’univers ou des dieux défaillants infiltrant la psyché malade de leurs fidèles. En inventant ces mondes factices, souvent effrayants, toujours fantasques, écrivains et cinéastes sont devenus philosophes, et plus précisément métaphysiciens. Ils nous ont révélé un abîme sous nos rassurantes certitudes : une manière étrange et nouvelle de voir, de sentir et de penser le monde.
En libraire le 18 janvier 2022
La fabrique des sémites
Domenico Paone
S’il n’a pas inventé les « Sémites », Ernest Renan en est sans doute le majeur théoricien au xixe siècle. Dans sa vision, les Sémites fondent la civilisation occidentale avec les « Aryens », mais ils y apportent uniquement le monothéisme, car ils ne possèdent ni mythologie, ni art, ni philosophie, ni raison, ni science. Basé sur des manuscrits inédits, le livre suit l’évolution sinueuse et contradictoire de cette catégorie capitale de la pensée de Renan, depuis l’« atelier des langues », où elle se cristallise dans une vision essentialiste, jusqu’à l’« atelier des religions », d’où elle sort enrichie en s’ouvrant sur de multiples perspectives philosophiques, religieuses et politiques. Montrant par quelles voies la catégorie entre dans la construction des préjugés raciaux et comment elle arrive à s’en libérer en partie, cette étude approfondie de l’évolution d’une œuvre magistrale avance une nouvelle interprétation du paradoxe des « deux Renan » – l’« antisémite » et le « philosémite » – que la critique a toujours cherché à comprendre.
La mémoire collective en question(s)
Sous la direction de Sarah Gensburger Sandrine Lefranc
La référence au passé occupe aujourd’hui une place centrale dans l’affirmation de positions politiques au présent. En 2022, le sens à donner à la Seconde Guerre mondiale a ainsi été en France au cœur des débats de la campagne présidentielle comme de ceux qui ont accompagné l’invasion de l’Ukraine. La question de savoir ce qu’on doit retenir des sociétés coloniales et esclavagistes ou encore de l’absence des femmes du récit national a également continué de nourrir les controverses autour du déboulonnage de statues et des changements de noms de rue. Pour le meilleur comme pour le pire, les sociétés contemporaines se doivent donc de tirer les leçons du passé et sont enjointes de garder des traces, pour le futur, des événements qui s’y sont déroulés. Comment comprendre l’avènement de cette société de la mémoire ? Qui décide des leçons du passé ? Quels coupables sont dénoncés et quelles victimes, consacrées ? Cet ouvrage réunit les plus importants spécialistes de la mémoire, en France comme à l’international. Il propose, de manière claire et accessible, des clefs de lecture originales de ces questions contemporaines, sous la forme de plus de 50 courts chapitres.
Visite à l'ehpad
Nathalie Zaccaï-Reyners
À partir de l’expérience de Mariette, sa grand-mère, et du portrait cinémato-graphique réalisé par son frère, le cinéaste Christophe Reyners, la sociologue Nathalie Zaccaï-Reyners examine les ressorts du soin apporté à nos aînés et les conditions de leur accueil en institution. S’appuyant sur des travaux de sciences sociales et humaines, mais aussi de philosophie morale et politique, visitant des expériences innovantes, discutant les fondements des politiques publiques de ces vingt dernières années, elle interroge les conditions d’un accueil souhaitable, tant pour les personnels engagés dans le soutien aux personnes âgées que pour le maintien d’un environnement vivant, pour elles comme pour leurs proches. Un livre qui mêle de façon unique l'expérience vécue et les analyses les plus rigoureuses, et rejoint ainsi toutes les dimensions du soin.