Sociologie, actualité, histoire, philosophie, littérature ou psychanalyse : les parutions du mois de septembre sont variées et couvrent un large spectre des sciences humaines et sociales. Elles prennent la suite de notre premier chapitre de la rentrée des essais, avec notamment : la visite d’un cabinet de curiosités sociales, un drame philosophique sur le langage, une biographie renouvelée d’Hitler, le lancement du collectif d’anthropologues Monde Commun, le polar décrypté par les questions de genre et la recherche des mythes fondateurs de l’Europe.
Gérald Bronner, Cabinet de curiosités sociales
Gérald Bronner continue d’explorer les croyances collectives afin d’en extirper la part d’irrationnel. Dans ce Cabinet de curiosités sociales, les objets exhibés relèvent de notre vie quotidienne, et pourtant nous n’en remarquons pas l’étrangeté. Comme pour tout cabinet de curiosités, il s’agira d’édifier l’esprit par l’exemple et ouvrir le regard aux marges de la réalité.
Il est accompagné de la réédition en poche de L’Empire des croyances, du même auteur.
Pascal Chabot, L’Homme qui voulait acheter le langage
Cratyle et Diana s’aimaient quinze ans plus tôt, mais la vie les a emmenés dans des voies différentes. Cratyle a mis au point un algorithme pour racheter le langage et prendre une commission sur son devenir. Diana, elle monte des installations d’hologrammes capables de rendre visibles les vents. Quand Cratyle lui expose son projet démesuré, c’est tout son rapport au langage, à la technologie, à l’argent et à ce qui fait la valeur des mots, qu’elle voit menacé.
Cette pièce de théâtre est l’histoire de leur rencontre.
Alain Lefebvre, Macron le Suédois
La France entre-t-elle dans sa période scandinave ? C’est la thèse de nombre de commentateurs s’agissant de la politique d’Emmanuel Macron. Mais les équipes du président connaissent-elles bien les systèmes nordiques, les raisons de leur réussite et leurs limites sur ces différents sujets ? C’est la question que pose Alain Lefebvre, dans une analyse ni complaisante, ni à charge, mais qui a vocation à éclairer un modèle scandinave méconnu.
Louis Althusser, Que faire ?
Que faire ? Telle était la question que se posa Lénine en 1901, alors qu’il éprouvait des doutes sur la capacité révolutionnaire du monde ouvrier russe. Louis Althusser se l’adresse également en 1978 dans cet écrit jusqu’ici inédit. Confronté au reflux de Mai 68 et aux renoncements successifs du Parti communiste, le philosophe établit un véritable vade-mecum pour la révolution à venir, doublé d’une critique argumentée de l’eurocommunisme alors triomphant.
Johann Chapoutot, Christian Ingrao, Hitler
Deux grands noms de l’histoire de l’Allemagne contemporaine dressent une biographie renouvelée du personnage le plus fantasmé du XXe siècle. Plus qu’un portrait, c’est un parcours, entre échecs personnels et succès politiques, entre folles obsessions et pragmatisme froid, que Johann Chapoutot et Christian Ingrao retracent. Comment a-t-il pu emmener toute une population aussi loin dans le meurtre et l’autodestruction ?
Hervé Inglebert, Histoire universelle ou histoire globale ?
L’histoire globale renverse-t-elle vraiment l’histoire traditionnelle ? Hervé Inglebert analyse l’une des grandes révolutions historiographiques de ces dernières années. L’avènement de l’histoire globale signe-t-elle la mort de l’histoire universelle ? Non, répond l’historien : elle constitue un apport original en termes de perspectives, de méthodes et de connaissances, qui s’intègre dans une historiographie en constant mouvement.
Gilles Vergnon, Un enfant est lynché. L’Affaire Gignoux, 1937
Le 24 avril 1937, à Lyon, le petit Paul Gignoux meurt sous les pierres d’autres enfants. Fils d’un membre du Parti social français, il aurait été agressé aux cris de « fasciste » et « Croix-de-Feu ». L’affaire fait l’objet d’une couverture de presse exceptionnelle et, rapidement, droite nationaliste et gauche du Front populaire s’affrontent. À partir de ce fait divers, Gilles Vergnon brosse le portrait d’une France des années 1930 au bord de la guerre civile.
Monde commun, Violence partout, justice nulle part !
Formé autour de Michel Agier, le collectif Monde Commun entend faire de l’anthropologie une matière publique et porter à bout de bras les sujets les plus brûlants. En choisissant comme thème inaugural la violence, il affirme l’attachement de ce groupe d’universitaires à une discipline engagée et ancrée dans le moment présent : la violence est partout, toujours, mais jusqu’à quel point est-elle supportable ?
Marwan Mohammed, Julien Talpin, Communautarisme ?
N’est pas « communautariste » qui croit. Alors que ce stigmate se traduit par un soupçon d’illégitimité permanente qui vient nier la citoyenneté des individus concernés, les mobilisations de la plupart des groupes accusés de communautarisme ne portent pas de demandes particularistes, mais avant tout des revendications d’égalité de droit et de traitement. Ce volume de « Laviedesidées.fr » vient tordre le cou des idées reçues et décrypter l’utilisation d’un fantasme social.
Carlo Ossola, Fables d’identité
L’Europe est un ensemble de mythes, de peuples, de cultures et de lieux unis depuis des millénaires et ne peut se réduire à son seul territoire. Pour les retrouver, Carlo Ossola nous invite à parcourir les lieux emblématiques du Vieux Continent. Cette recherche des racines d’une culture commune plonge au cœur des textes fondateurs, des écrits de Boccace, d’Érasme, de poètes de tous temps, dont les extraits viennent parsemer ce récit de voyage d’une grande qualité littéraire et philosophique.
Frédéric Regard, Le Détective était une femme
Le roman policier est affaire de femmes, d’Anglaises tout particulièrement : Agatha Christie, Ruth Rendell, P. D. James. Ces « reines du crime » ont façonné le genre du polar, mais aussi questionné leur époque, remis en cause l’ordre patriarcal, repensé le marché de la fiction et donné naissance à un nouveau modèle d’héroïne émancipée. Plus que de simples divertissements, les récits de détectives ont redessiné les contours de la société anglaise.
Pierre-Michel Menger, Le Talent en débat
Fondement révolutionnaire de l’égalité des chances d’accès à toutes les carrières, le talent fut d’abord la signature de la méritocratie républicaine. Pourquoi est-il considéré si souvent comme impossible à définir ? N’est-ce qu’un mythe, un autre nom pour la motivation et l’effort ? Pierre-Michel Menger étudie la question dans des domaines dans lesquels la mesure du talent est aussi obsessionnelle que tâtonnante : arts, sciences, sports, entreprises, innovation technologique.
Paul-Laurent Assoun, L’Énigme conjugale
« De toutes les choses sérieuses le mariage est la plus bouffonne », écrivait Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro. Pourquoi tenons-nous tant au mariage, à la fois précaire et âprement désiré ? Pourquoi tant d’unions se perpétuent-elles coûte que coûte, en un enfer institué ? D’où vient cette espérance incurable de « bonheur conjugal » ? La véritable énigme du mariage, c’est qu’il persiste malgré tout à faire miroiter un fantasme, à proportion de ce qu’il est régulièrement démenti.
Isée Bernateau, Vue sur mer
Qu’est-ce que se sentir chez soi ? Qu’est-ce qu’une maison, un pays natal, un lieu d’origine ? Pourquoi et comment y est-on attaché, et aussi, pourquoi faut-il s’en détacher ? S’il existe un fondement instinctuel de territorialité chez les animaux, la signification du lieu pour l’être humain excède cette dimension. Pour qu’un lieu se constitue, il doit se doter d’une fonction symbolique et imaginaire. C’est ce qu’Isée Bernateau analyse à travers plusieurs cas exemplaires.