Après un premier chapitre très philosophique, les Puf vous proposent cette seconde vague d’essais de la rentrée ouvertement axée sur les questions de société. Le renouveau des disciplines sociales est à l’honneur : Gérald Bronner et Étienne Géhin appellent à réveiller une certaine sociologie assoupie sur ses certitudes, Frédéric Encel partage sa passion de la géopolitique avec Son dictionnaire personnel et le Dictionnaire de la guerre et de la paix constitue une nouvelle référence en matière de relations internationales pour les prochaines années. De son côté, Nicolas Bourriaux, brillant spécialiste de l’art contemporain, montre dans un texte percutant que le déchet est devenu un objet constitutif de la société.
Où va donc la sociologie, entre plateaux de télévision, tribunes militantes et accusations d’angélisme ? Dans Le danger sociologique, Gérald Bronner et Étienne Géhin prennent à bras le corps le problème d’une sociologie qui semble parfois jouer contre son propre camp en refusant obstinément de se penser autrement que comme un « sport de combat ». Comment pourrait-elle prétendre à la scientificité alors même qu’une partie de ses défenseurs prétend placer le militantisme au cœur du projet sociologique ? Pourquoi certains rechignent-ils tant à intégrer les sciences cognitives au sein de la recherche en sciences humaines ?
Pour ne pas disparaître, la sociologie doit maintenant abandonner ses atours d’outil revendicatif pour endosser ceux d’une science rigoureuse, et ne plus donner prise à ses adversaires lorsqu'ils prétendent qu’« expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ».
Référence de la géopolitique en France, Frédéric Encel se livre dans Mon dictionnaire géopolitique à un exercice pour le moins acrobatique : donner à une discipline largement perçue comme froide, complexe et académique toute la chaleur et l’évidence de la passion. C’est un défi relevé haut la main par le géopoliticien qui défend un postulat : la géopolitique est à la fois une démarche authentiquement humaniste, une nécessité pour les diplomates cherchant à éviter les conflits et un formidable outil de compréhension du monde pour tous les citoyens.
À travers 175 entrées extrêmement variées, la géopolitique se fait plus humaine et dynamique que jamais. Branche récente au sein des sciences humaines, elle se trouve avec Frédéric Encel hissée, à l’instar de l’histoire ou de la philosophie, au rang de discipline à la passion contagieuse.
Dans le même temps sort en format poche dans la collection « Quadrige » Géopolitique du Printemps arabe.
Huit ans après la parution de son dernier livre, Nicolas Bourriaud brise son silence avec L’Exforme, une méditation étonnante sur notre condition à l’âge de la multiplication des déchets – déchets du capitalisme, de la consommation, de l’industrialisation, des rêves nucléaires. Comment apprendre à vivre dans un monde de déchets ? Pour Nicolas Bourriaud, la réponse est claire : un tel apprentissage ne peut se penser sans le secours des œuvres de l’art d’aujourd’hui. Ce dont nous avons besoin, c’est d’inventer des formes de vie qui soient des « exformes », qui acceptent de se confronter au fait qu’elles sont elles-mêmes en train de se transformer en déchets.
À la fois panorama remarquable de l’art contemporain, méditation puissante sur la condition politique d’aujourd’hui et essai de définir les coordonnées existentielles du présent, L’Exforme est un livre majeur.
Le Dictionnaire de la guerre et de la paix, avec plus de 300 entrées, apporte une pierre à l’édifice francophone des études sur la guerre, la paix et la stratégie. Militaires et acteurs du monde associatif ont contribué à le façonner en s’appuyant tant sur une tradition historiographique forte que sur des études juridiques, normatives et éthiques variées. En d’autres termes, il est une photographie des recherches actuelles sur la guerre et la paix, concepts qu’il convient d’analyser dans toutes leurs dimensions pour comprendre les mutations de la guerre aujourd’hui.
Objet unique dans le paysage français, il interroge le proverbe « Si vis pacem, para bellum » en englobant dans un même mouvement deux concepts aussi antinomiques qu’indissociables.