À l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, le docteur Nicole Catheline revient dans l’entretien ci-dessous sur ce phénomène inquiétant, qui ne doit plus laisser indifférent.
Pourquoi, selon vous, le harcèlement scolaire est-il une question de société ?
Notre société tend à privilégier l’individu. Or, il y a harcèlement quand, précisément, la dynamique de groupe s’enraye. Le harcèlement pose donc la question du vivre-ensemble, parce qu’il pose la question de l’acceptation de l’autre, de la différence : un enfant se met à harceler un autre enfant parce qu’il perçoit une différence qui l’inquiète ou qui le dérange. Lutter contre le harcèlement, c’est préparer les enfants à construire une société plus tolérante.
À quoi reconnaît-on le harcèlement scolaire ?
Il n’y a malheureusement que des signes indirects. À l’école : les retards, l’« oubli » du matériel, la baisse des résultats, par exemple. À la maison : des troubles du sommeil, des douleurs anormales (dues à la somatisation) ou un usage intensif des écrans et des jeux vidéo… En vérité, tout changement d’habitude, de comportement ou de caractère doit mettre sur la piste. Il faut alors prendre le temps de poser des questions, tout en insistant sur le fait que la situation de harcèlement est plus fréquente qu’on ne croit ; on permettra ainsi à l’enfant harcelé de surmonter le sentiment de honte qui le pousse à se taire.
Quelles seraient vos préconisations pour lutter contre le harcèlement ?
En parler ! Les campagnes de sensibilisation sont très importantes. L’instauration d’une journée annuelle de lutte, la création d’un numéro vert facilement mémorisable sont d’excellentes nouvelles, de même que les actions qui récompensent des initiatives menées au sein des établissements. Ces actions concernent non seulement les enfants, mais aussi tous les adultes. Les enseignants ne peuvent plus rester seuls face à ce problème. C’est un maillage d’actions en direction à la fois des adultes et des élèves qui donnera les meilleurs résultats.
Comment mettre en place un dialogue fécond entre les parents, les enfants et l’équipe enseignante ?
Il faut commencer par s’écouter. La capacité des adultes à régler leurs différends de manière constructive constituera un modèle pour les enfants. On ne peut pas demander aux enfants de surmonter leurs conflits si les adultes se montrent incapables de surmonter les leurs !
Ce jeudi 3 novembre est la journée nationale de mobilisation pour dire « Non au harcèlement ». Un numéro vert est mis en place par le gouvernement, le 30 20. Face au cyber-harcèlement appelez le 0 800 200 000.
Site de prévention du gouvernement : http://www.nonauharcelement.education.gouv.fr/
Les interviews de Nicole Catheline dans la presse: