Paul Ricœur (1913-2005) a enseigné la philosophie, à partir de 1948 à l’université de Strasbourg, puis à la Sorbonne en 1965-1966 avant de rejoindre la nouvelle université Paris 10 Nanterre, dont il a été doyen en 1969-1970. Il a dirigé le Centre de recherches phénoménologiques et herméneutiques au CNRS. Parallèlement à ces fonctions, Paul Ricœur a enseigné chaque année aux États-Unis, de 1972 jusqu’à sa retraite en 1983, à l’université de Chicago. L’œuvre de Paul Ricœur a une portée très singulière pour la philosophie morale contemporaine.
Autrement, Paul Ricœur, « Collège international de philosophie », 1997
« Le pari majeur de ce livre est de lier le destin du rapport à établir entre l’éthique de la responsabilité et l’ontologie au destin du langage de l’une et de l’autre : le Dire du côté de l’éthique, le dit du côté de l’ontologie. (D’où) deux difficultés engendrées par la manière nouvelle de philosopher... Les deux difficultés sont indissociables et se condensent dans le mot, l’adverbe : autrement, autrement que... » (P. Ricœur).
Ricœur et ses contemporains, Johann Michel, 2013
Si l’on connaît aujourd’hui le dialogue fructueux que Paul Ricœur a noué avec les penseurs structuralistes, on ignore largement son positionnement face à la mouvance poststructuraliste. Faut-il opposer la philosophie de Ricœur au poststructuralisme à la française ou au contraire doit-on montrer qu’elle en est une variante singulière ?
C’est la seconde option qui est ici défendue. Certes, le poststructuralisme ne doit pas être considéré comme une école de pensée mais comme une reconstruction qui relève de l’histoire de la philosophie. Dans la mesure où les horizons de dépassement du structuralisme ont été posés de manière chaque fois particulière, il est préférable de parler de poststructuralismes au pluriel. C’est la raison pour laquelle J. Michel propose des confrontations dyadiques entre Ricœur et certains de ses contemporains (Deleuze, Derrida, Foucault, Bourdieu…) que l’on regroupe habituellement dans cette mouvance.
Dans un texte bref et essentiel prononcé et publié en 1992, Paul Ricœur interrogeait l’expérience de la souffrance au cœur de l’existence humaine. Il en dépliait les horizons dans le rapport à soi et à l’autre, depuis la douleur corporelle jusqu’à la souffrance morale. Ce volume se propose de donner aujourd’hui à relire ce texte clé tant pour sa compréhension que pour une réflexion sur l’anthropologie philosophique et l’éthique du soin. Les contributions qui le suivent, chacune à leur manière, rebondissent sur les éléments d’analyse aujourd’hui particulièrement stimulants qui sont les siens, tout en les mettant en perspective avec certains enjeux très concrets du soin dans nos vies.
Paul Ricœur, Jean Grondin, « Que sais-je ? », 2016
Ceux qui ont eu le privilège d’être ses contemporains et de suivre l’évolution de son œuvre étaient habitués à voir un gros livre de Ricœur paraître tous les cinq ou six ans. Ce livre revenait sur des sujets familiers de ses lecteurs, comme la volonté, l’agir ou l’identité, la question du temps, de l’histoire, de l’interprétation, le langage, le texte ou le récit, mais les abordait à partir d’angles et de références chaque fois nouveaux. L’œuvre est maintenant achevée, lue dans le monde entier. Elle exerce une profonde influence sur les sciences humaines.
Pour introduire à cette œuvre complexe, Jean Grondin suit le fil rouge de l’herméneutique. Il donne ainsi à comprendre la richesse de la pensée de l’un des plus importants philosophes du XXe siècle. Il offre aussi un portrait sensible de celui qui a proposé une philosophie de l’homme agissant et souffrant.
Revue philosophique 2010, t. 135 (4), « Revue philosophie », 2011
Husserl, Bergson, Levinas, Ricœur
Articles
Maria Dolorès Conesa Lareo — Urimpression husserliana y diacronia levinasiana
Jean-Louis Vieillard-Baron — Levinas et Bergson
Alain Boyer — Le phénomène de l’hésitation selon le jeune Ricœur
Notes et documents
Dominique Merllié — Un « périmètre de scientificité ». Note sur un nouveau classement des revues de philosophie par l’AERES
Analyses et comptes rendus (XXe siècle, suite et fin ; Droit, Sciences sociales) par E. Blondel, M. Borlandi, A. Boyer, G.Caron, G. Chapouthier, S. Chauvier, G. Chazal, S. Deprez, J. Dubray, P. Engel, J.-M. Gabaude, F. Guery, Y. Lorvellec, E. Moutsopoulos, C. Premat, A. Stanguennec, R. Tirvaudey,P. Verdeau, A. Villani
Ricœur a fréquemment témoigné de son admiration pour Vérité et méthode, pièce maîtresse de l’herméneutique de Gadamer. Les deux philosophes n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner leur unanimité. Pourtant, une lecture attentive des œuvres de Ricœur et de Gadamer porte à croire qu’ils font chacun un usage spécifique des concepts formant le bien commun de la philosophie herméneutique depuis Schleiermacher, Dilthey et Heidegger.
Cités 2008, n° 33, « Cités », 2008
Éditorial : Yves-Charles Zarka
I. Dossier : Paul Ricœur, l’interprétation de soi
II. Grand article
III Varia
IV Faits et tendances
V. Recensions
Paul Ricœur. De l’homme faillible à l’homme capable, Gaëlle Fiasse, « Débats philosophiques », 2008
En 2007, deux ans après le décès de Paul Ricœur, son livre inachevé Vivant jusqu’à la mort fut publié. Ces derniers fragments viennent clore une œuvre extrêmement riche. Sous une apparente hétérogénéité, un fil conducteur se fait jour. De Soi-même comme un autre jusqu’au traité Sur la traduction, le thème de la capacité et la philosophie de l’action prennent le pas sur la faillibilité.
Des philosophes de renom nous présentent de façon inédite cette thématique de l’homme capable, un être agissant et souffrant. Leurs études abordent sous des angles variés la question du soi éthique et de son rapport à l’autre, du soi politique et de l’identité collective, du soi herméneutique et du soi langagier, un être capable de dépasser les ruptures entre les langues et les cultures.
Ricœur, Derrida, Jean-Luc Amalric, « Philosophies », 2006
C’est autour de la métaphore que s’est engagée une singulière discussion entre Ricœur et Derrida et c’est la seule polémique engagée par Ricœur dans le cadre de son œuvre philosophique. Derrida répondra dans Le retrait de la métaphore et insistera sur le caractère déconcertant pour lui de cette confrontation mais sans engager un véritable débat. L’auteur tente modestement de proposer une analyse détaillée des arguments respectifs des deux parties sur cette question de la métaphore, pour cerner les enjeux et les raisons de ce malentendu entre les deux philosophes, « nous chercherons le lieu d’un débat possible entre la pensée de Ricœur et celle de Derrida » dit-il.