Le docteur Jérôme Palazzolo présente dans ce Que sais-je ? les traits essentiels des thérapies comportementales et cognitives telles qu’elles se pratiquent aujourd’hui : l’importance d’un traitement multimodal, prenant en compte l’environnement matériel et social, l’état de l’organisme, les cognitions, les affects, les actions et leurs conséquences ; l’importance d’observations et d’analyses méthodiques ; le style du thérapeute, « expert » au service du patient, collaborant avec transparence et bienveillance pour définir des objectifs et proposer des apprentissages.
Contrairement à la majorité des courants de thérapie, les TCC ne sont pas l’œuvre d’un père fondateur. Elles se sont développées dans les années 1950 en différents endroits de la planète. Parmi les principaux artisans du courant « comportemental », on compte le psychiatre sud-africain Joseph Wolpe (ex-psychanalyste), le psychologue clinicien anglais Hans Eysenck et le psychologue expérimentaliste américain Fred Skinner. Dans les années 1960, le psychologue Albert Ellis et le psychiatre Aaron Beck, ont élaboré des « thérapies cognitives », visant la modification active de la façon de penser. Au cours des années 1970, les courants ont fusionné sous le nom de « TCC ». Dans certains pays, les praticiens ont continué à se définir comme « comportementalistes », le mot « comportement » étant alors entendu au sens large d’activité présentant trois dimensions : cognitions, affects, actions.
Dans son Que sais-je ?, Jérôme Palazzolo ne s’embarrasse pas d’un long historique, avec raison. Les comportementalistes ne glosent guère sur les écrits des ancêtres. Ils s’intéressent avant tout aux avancées de leur discipline.
Les TCC se caractérisent par le souci de scientificité. Ce sont des thérapies qui s’appuient sur la démarche scientifique et dont l’efficacité est méthodiquement évaluée. Toute technique qui fait la preuve d’une efficacité démontrée et dont on peut rendre compte par des lois de la psychologie scientifique peut entrer dans ce cadre. Cette conception laisse la porte ouverte à de nombreuses procédures, dont le degré de validité varie sensiblement.
Tous les comportementalistes bien formés n’ont pas la même conception des techniques à utiliser. Ainsi, l’EMDR, l’hypnose ou la pleine conscience sont aujourd’hui diversement considérées. Toutefois, les divergences ne provoquent pas des excommunications, des scissions et de nouvelles Écoles. Elles suscitent de nouvelles recherches pour mieux discerner ce qui est à promouvoir et ce qui est à abandonner.
Jérôme Palazzolo présente de façon concrète le traitement de troubles qui nécessitent généralement bien davantage que de l’écoute et des interprétations : dépression majeure, anorexie, addictions, troubles psychotiques, agoraphobie, etc.
Il renseigne sur la formation TCC en France. On peut ajouter que, dans d’autres pays (par exemple en Belgique ou aux Pays-Bas), cette formation est réservée seulement aux psychiatres et aux psychologues.
Aujourd’hui, le mot « comportementaliste » est en passe d’avoir une connotation positive. Des praticiens TCC l’utilisent en effectuant des thérapies « éclectiques » qui n’appliquent pas soigneusement les principes, tandis que des psychanalystes soucieux d’efficacité font usage de techniques comportementales et cognitives. La « guerre des Écoles » ne s’observe pas partout où se pratique le soin psychologique. On peut être optimiste pour l’avenir de la prise en charge de personnes en souffrance.
Jacques Van Rillaer
professeur émérite de psychologie à l’université de Louvain