Pour Platon, le philosophe, peu soucieux de l’organisation de la chose publique et jugé inutile par le commun des mortels, est libre, contrairement à l’homme politique constamment absorbé par la vie publique. […] Le scientifique portant un message de nature politique est vite catalogué (« de gauche », « de droite », « keynésien », « néoclassique », « libéral », « antilibéral »), ce qui, malgré lui, servira à crédibiliser ou décrédibiliser son discours. Comme si le rôle d’un chercheur, quelle que soit sa discipline, n’était pas de créer du savoir, faisant fi de toute idée préconçue. L’auditoire oubliera trop souvent la substance de l’argument pour juger la conclusion sur la base de ses convictions politiques, de façon favorable ou défavorable selon qu’il percevra le scientifique comme étant l’un des siens ou faisant partie du camp opposé. Dans ces circonstances, la participation du scientifique au débat public perd beaucoup de son utilité sociale.
Jean Tirole, prix Nobel d’économie
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