Le samedi 1er juin 2019 disparaissait Michel Serres, à l'âge de 88 ans. Le philosophe et historien des sciences gascon, membre de l'Académie française et de l'Académie européenne des sciences et des arts, était une figure connue et aimée du grand public.
Ses ouvrages écrits en tant qu'enseignant-chercheur faisaient autorité en matière d'histoire des sciences, de philosophie des sciences et d'épistémologie.
En 1968, c'est aux Puf que paraît son premier ouvrage, sa thèse de doctorat, dans la collection Épimethée, Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques.
« Leibniz est de notre temps, il est notre prédécesseur, il a commencé de construire le monde où nous vivons, il l'a reconnu avant nous, mieux que nous. » Michel Serres
Dans Le Monde, le 1er juin 2019, Roger Pol-Droit écrit à propos de cet ouvrage :
« Un grand travail, soutenu par une intuition lumineuse : contrairement à sa réputation de penseur dispersé, voire brouillon, le philosophe allemand (1646-1716) est un auteur parfaitement cohérent. Son œuvre est sous-tendue par un système. À l’intérieur de celui-ci, le plus petit opuscule, le moindre sous-système reproduit la structure de l’ensemble. Et ce dernier, à son tour, n’est qu’un miroir du monde – un miroir de ce vaste « manteau d’Arlequin » qu’est le monde. « Tout est toujours et partout la même chose, au degré de grandeur et de perfection près » : est-ce la devise d’Arlequin ou bien celle de Leibniz ? Ce sera, en tout cas, celle de Serres.
Reste à en éprouver la validité. Dans la thèse de 1968, la démonstration utilise un modèle mathématique : la théorie des ensembles. Michel Serres est ainsi l’un des premiers à introduire, dans le champ de l’histoire de la philosophie, la notion de « structure ». »