Le philosophe et poète Jean-Louis Chrétien est décédé le 28 juin 2019, à l’âge de 66 ans. C'est une figure aussi discrète que majeure de la vie intellectuelle française qui vient de nous quitter.
Premier de sa promotion à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1972, ainsi qu’à l’agrégation de philosophie en 1974, il enseigna à l'université de Créteil puis à l'université Paris-IV La Sorbonne où il était en charge de la philosophie de l'Antiquité tardive et du Moyen Âge. Par leur style unique mêlant érudition, pédagogie et humour, ses cours ont marqué plusieurs générations d’étudiants.
Spécialiste de Platon, Plotin et saint Augustin (Saint Augustin et les actes de parole, 2002), il fut profondément influencé par la pensée de Vladimir Jankélévitch et le philosophe heideggerien Henri Maldiney. En phénoménologue, il construisit son œuvre sur les questions du temps vécu, de la voix et du corps, comme dans l'ouvrage Symbolique du corps, la tradition chrétienne du Cantique des Cantiques (2005) où la signifiance du corps est méditée dans la diversité de ses gestes et de ses membres.
En 2007, il a donné une série de conférences dans le cadre de la chaire de métaphysique Etienne Gilson, qui ont donné lieu à la publication de Répondre. Figures de la réponse et de la responsabilité.
Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages et a reçu en 2012 le prix du cardinal Lustiger de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre philosophique.
Toute voix humaine répond, toute inauguration est en souffrance et en passion sous une voix antérieure qu’elle n’entend qu’en lui répondant, qui la précède et qui l’excède. Elle ne parle qu’en écoutant, elle n’écoute qu’en répondant…
Saint Augustin et les actes de parole
Dans la presse
Le Monde - 3 juillet 2019
" Jean-Louis Chrétien, philosophe, professeur et poète à l’écriture à la fois précise, subtile et hypersensible, est mort, à Paris, le vendredi 28 juin. Il avait 66 ans. Ce célibataire entouré d’amis et de disciples, qui fuyait le monde, ses polémiques et ses « grandeurs d’établissement », semble avoir toujours cherché à cheminer à rebours d’une modernité qui l’agaçait, plus qu’elle ne lui inspirait une franche opposition. "
Lire l'article de Nicolas Weill
Libération - 2 juillet 2019
Mort du philosophe et poète Jean-Louis Chrétien
" Adepte de Vladimir Jankélévitch, ce fut un Socrate des temps modernes pour ses étudiants et les anciennes humanités ont été son champ de prédilection. (...) Timide, il pouvait intimider ; sévère parfois, il l’était surtout avec lui-même ; drôle et espiègle le plus souvent, il l’était sans qu’il le fût aux dépens d’un autre. Philosophe, il l’était sans discussion ; et devant lui, même les méchants se taisaient. "
Lire l'article de Camille Ricquier
La Croix - 1er juillet 2019
Jean-Louis Chrétien, homme de parole
" Dans un dialogue fécond avec les Écritures, mais aussi avec la littérature et la poésie, son œuvre cherchait à recueillir les résonances de l’expérience humaine. (...) Des générations d’étudiants gardent le souvenir de son enseignement, avec, accompagnant sa puissante vocation pédagogique et sa vaste érudition, une part non négligeable d’humour. "
Lire l'article de Patrick Kéchichian
Philomag - Juillet 2019
" Figure de la phénoménologie française, le philosophe Jean-Louis Chrétien vient de mourir à l’âge de 66 ans. Pensant au croisement de la philosophie et de la théologie, il avait fait de la fragilité de la beauté un thème de son travail. "
Lire l'article de Cédric Anjalbert
À écouter
Les ouvrages de
Jean-Louis Chrétien aux Puf