En libraire le 8 février 2023
Laisser être et rendre puissant
Tristan Garcia
Nous sommes séparés et opposés. Nos luttes aboutissent à des conceptions irréconciliables quant à l’être même des choses. Dans cet ouvrage, Tristan Garcia refuse de se résoudre à l’affrontement et propose d’accorder une existence commune, minimale et égale à toutes les entités possibles, afin de mieux reconstituer leurs différences et leurs puissances. Il répond à la destitution de l’universel, critiqué de toutes parts, par la recherche d’un « commun distinct », un être commun à toutes choses, un minimum de détermination qui ne serait pas l’expression d’un pouvoir, sans sombrer pour autant dans l’inconsistance. Par cette conception non hégémonique, la pensée critique, le matérialisme ou le réalisme sont reconsidérés. La libéralité et l’autorité de chaque position de pensée sont élucidées jusqu’à faire éclater la contradiction de toute ontologie trop libérale : laisser être aussi bien ce qui empêche d’être. L’enquête débouche sur la formulation d’une nouvelle métaphysique « résistante », attachée à la distinction, l’égalité et la formation permanente de tous les êtres. Laisser être et rendre puissant permet alors une conception renouvelée du temps, du vivant, de la coexistence politique et de nos manières d’être.
Les damnés de la paix
Olivier Bomsel
Pourquoi, en dépit de l’alliance sino-russe, la guerre en Ukraine n’a-t-elle pas dégénéré en conflit mondial ? Parce que suffisamment de pays ont atteint une maturité institutionnelle capable d’imposer la paix.
La violence est le problème majeur auquel est confrontée toute société. La théorie récente des ordres sociaux en fait un décodeur des règles qui encadrent la politique et l’économie. Elle oppose les États naturels, où l’accès aux ressources ou aux privilèges est conditionné à l’allégeance au pouvoir, et les ordres d’accès ouvert, où économie de marché et démocratie représentative se coordonnent sous couvert de l’État de droit. Apparus au XIXe siècle, les ordres d’accès ouvert ont vocation à succéder peu à peu aux États naturels.
Le XXe siècle a plongé ces deux types d’espace politique dans une arène où ils se sont affrontés avec une violence inouïe. Mais les ordres d’accès ouvert progressent et peuvent désormais endiguer les États naturels. Ils sont même assez nombreux et influents pour contenir la violence planétaire. Après cinquante ans de domination américaine et trente années d’interrègne, c’est à eux que revient conjointement d’endiguer les pandémies, l’expansionnisme des États naturels, le réchauffement climatique : en bref, d’assurer l’ordre mondial.
Le pavillon, une passion française
Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé
Quoi qu’on en pense, la maison individuelle incarne depuis fort longtemps l’idéal résidentiel pour nombre de Français. Aujourd’hui, on en compte près de 20 millions en France sur un total de 34,5 millions de logements. En dépit des discours dénonçant l’étalement urbain, la défiguration des villages, la dénaturation des paysages, l’artificialisation des sols ou l’omniprésence de l’automobile et des infrastructures qui l’accompagnent, cette passion française pour le pavillon avec jardin et garage est loin d’être remise en cause. De récents sondages montrent d’ailleurs que la crise sanitaire liée au Covid-19 a intensifié cette tendance lourde : la promotion du télétravail pousse de plus en plus de Français à privilégier le repli dans le pavillon, forme d’habitat total synonyme de sécurité sanitaire et de protection ultime, qui devient le théâtre de nombreuses activités professionnelles et de loisirs, sans oublier les occupations traditionnelles comme la cuisine, le jardinage ou le bricolage. Ne sommes-nous pas là en présence d’un tournant anthropologique ?
Politiques de la religion : prophétismes, messianismes, millénarismes
Simon Claude Mimouni
Dans ce livre, à travers le prisme de la mystique, sont présentées des perspectives didactiques sur les messianismes, les prophétismes et les millénarismes, autrement exprimé la mystique et la théologie politique, qui conditionnent souvent les recherches pour des périodes tout aussi difficiles que formatrices comme le judaïsme et le christianisme de l’Antiquité classique et tardive, voire l’islam des premiers siècles, lesquelles sont aux fondements des temps modernes et contemporains. Périodes complexes, en effet, non pas seulement à cause de la spécificité parcellaire et orientée de la documentation de ces religions, mais aussi pour d’autres raisons qui tiennent parfois aux idées que l’on se fait sur les origines de ces religions encore vivantes et dont les manifestations théologiques et spirituelles, souvent spectaculaires, sont toujours indéfiniment et richement développées : tous azimuts, et sans aucun souci réel de contextualisation culturelle et politique.
Plaidoyer pour une décroissance heureuse
Giorgos Kallis, Susan Paulson, Giacomo D’Alisa et Federico Demaria
Cet essai en forme de manifeste développe une conception large et pragmatique de la décroissance, qui n’a rien à voir avec une quelconque récession : la décroissance, c’est se donner les moyens d’aller vers une société équitable et résiliente. Avec un taux de croissance moyen de 3 %, le volume de l’économie serait à la fin du siècle onze fois ce qu’il représente aujourd’hui ; autant dire qu’il ne resterait pas grand-chose de l’habitabilité de la Terre. On fait état ici d’expé-riences, d’institutions, de communs, de politiques publiques qui s’affranchissent d’ores et déjà de la croissance. Des propositions sont sérieusement en-vi-sagées, comme un New Deal vert, le partage des emplois, la diminution du temps de travail en même temps que les métiers qui découleront de la décrue énergétique, un salaire minimum garanti lié au care, l’imposition des plus hauts revenus, la taxation de la consommation des ressources naturelles, la maîtrise de la pollution ou encore le soutien à l’économie collaborative.
Qu’attendons-nous ?
La lutte antiterroriste
Bernard Cazeneuve et Guillaume Farde
Au cours des dernières années, la France, à l’instar d’autres États européens et du monde, a été confrontée à une menace terroriste sans précédent. Dans ce contexte, la politique de lutte antiterroriste a connu de profondes et nécessaires transformations, dans le strict respect des principes fondant l’État de droit. Les auteurs analysent la politique de lutte antiterroriste en France à travers l’évolution récente de l’ensemble de ses outils. Que ce soit dans le champ normatif ou institutionnel, de nouvelles orientations stratégiques ont été décidées afin de faire face sur le long terme à une menace de plus en plus diffuse et protéiforme. Ce livre permet au lecteur d’approfondir sa compréhension conceptuelle du phénomène terroriste, d’acquérir des connaissances techniques d’analyse de la politique de lutte antiterroriste et de disposer d’une connaissance plus fine du fonctionnement de l’appareil d’État.
La rançon de la terreur
Étienne Dignat
Ce livre traite des enlèvements perpétrés par des organisations terroristes et du dilemme qu’ils impliquent pour les États de droit : payer, quitte à récompenser et à renforcer un ennemi, ou rester ferme, quitte à laisser mourir l’un des siens ? Au travers d’une réflexion de science politique et d’éthique nourrie par des entretiens menés dans sept pays auprès de services de renseignements, de militaires, de négociateurs, de diplomates, de représentants politiques ou encore d’ex-otages, il interroge la réponse des gouvernements occidentaux face au chantage des ravisseurs. Ce faisant, l’ouvrage distingue trois modèles qui sont autant de façons de concevoir les rapports entre les droits des individus, la sécurité et l’exercice de la souveraineté : l’approche solidaire, l’approche sacrificielle et l’approche responsabilisante. Son objectif est de repenser l’étendue des prérogatives des États hors de leurs frontières nationales et d’explorer les pistes les plus prometteuses vers une nouvelle gouvernance du marché des otages.
George Brummell, dandy, saint et martyr
Henri Rey-Flaud
Le dandysme a laissé dans l’histoire le souvenir d’une forme raffinée d’élégance, répandue durant tout le XIXe siècle dans les clubs anglais et les salons français à travers les figures de lord Byron, Oscar Wilde, Balzac, Barbey d’Aurevilly ou Baudelaire. Ce mouvement a été perpétué jusqu’à nous par quelques célébrités, telles que Gabriele d’Annunzio, Salvador Dali ou David Bowie.
Le paradoxe de ce phénomène est qu’il a été inspiré par un homme qui s’inscrit en opposition avec la représentation que nous avons conservée de lui, George Bryan Brummell, qui régna pendant plus de vingt ans à Londres sur l’aristocratie et la cour. À l’envers des idéaux et des valeurs de la haute société, fondés sur un code élaboré par et pour une élite, celui qui fut le souverain des cercles à la mode destitua le monde ancien dressé sur ses traditions pour instaurer un ordre nouveau dont l’originalité nous échappe encore. Ce personnage réalisa cette action en produisant face aux lords et aux ladies médusés un homme sans qualités, dégagé de toutes les prescriptions de la mode et dépouillé de tous les ornements de l’élégance. Sa seule arme fut la force du verbe qui épinglait ses interlocuteurs comme des papillons sur un bouchon : « Vous appelez cela une veste ? », lança-t-il ainsi un jour au duc de Bedford, paré de ses plus beaux atours. Ce mot (wit, en anglais) abolit instantanément toutes les vanités ordinaires qui sont le sel de la vie pour susciter sur leurs ruines une autre vanité sublime, surgie de la puissance du « rien ».
Cette intention, qui retranche définitivement Brummell de la scène mondaine, établit la dimension métaphysique de son entreprise et démontre que celle-ci ne pouvait trouver son accomplissement que dans la disparition de son auteur lui-même, advenue au champ de l’héroïsme et de la sainteté au prix de la misère, de la déchéance et de la folie.
Climat
Jean Jouzel et Hervé Le Treut
Encore un livre sur le climat ? Certes, mais pas seulement. On comprendra mieux ici ce que l’on sait et ce qu’on ne sait pas sur le sujet. Cet ouvrage permet en particulier de connaître la généalogie de la question climatique et des sciences qui lui sont rapportées, d’entrer dans la complexité de la fabrique des modèles et du discernement des risques climatiques, et, de là, dans les arcanes de la conception des rapports du Groupe d’experts intergouverne-mental sur l’évolution du climat (GIEC). Il offre ainsi de comprendre, de l’intérieur, comment les chercheurs ont été confrontés au climato-scepticisme, aux pressions et demandes de la société, auxquelles il ne leur était pas toujours possible de répondre. Enfin, avec deux acteurs historiques de la saga climatique, il dresse un bilan réflexif sur l’avenir que nous réservent les prochaines décennies.
En libraire le 15 février 2023
Leçons tirées des cendres
Wayne William Snellgrove
Âgé de cinquante ans, celui que l’on surnomme « l’Ours Debout » a vécu plusieurs morts, et plusieurs renaissances. Arraché à sa mère au berceau pour être placé dans une « école résidentielle » dans la province du Saskatchewan, au Canada, il a subi comme des milliers d’enfants autochtones un processus d’assimilation forcée qui l’a conduit sur le chemin de l’autodestruction. À vingt ans, sa vie bascule lorsqu’il rencontre Tony, un homme-médecine qui va lui transmettre l’héritage spirituel et culturel de sa tribu d’origine, les Fishing Lake First Nation. Commence alors son initiation à la « voie rouge », dont il nous transmet les précieux enseignements dans cet ouvrage. Un récit autobiographique qui reflète l’immensité du cœur d’un homme qui a su trouver en lui une source d’amour universel, qui transcende les religions, les cultures et les frontières, et qui nous emmène à la source d’une culture ancestrale dont les enseignements apparaissent essentiels pour prendre soin du vivant dans le contexte de la crise écologique que nous traversons.
Le pajé et la pluie
Almir Surui
Chef d’un peuple amérindien situé au cœur de la forêt amazonienne du Brésil, Almir Narayamoga Surui retrace ici l’histoire des Suruí. Il parle du colonialisme sans haine, rapportant concrètement ce que le contact des siens avec le monde blanc a signifié : la mort par les épidémies au point de la quasi-disparition du peuple suruí, la destruction de leur culture, tout particulièrement sous la houlette de missionnaires évangéliques aussi obtus qu’incultes, le racisme au quotidien… Mais le pajé, ou chamane, sait encore appeler la pluie ! Le grand combat d’Almir va à la lutte contre la déforestation : les siens se veulent gardiens de la forêt, et cela, pour eux-mêmes comme pour nous tous, habitants de cette Terre. Car les Suruí se savent solidaires, non seulement du peuple brésilien, mais d’une humanité qui saurait sauver les écosystèmes et se sauver elle-même. Une leçon de vie, c’est-à-dire de pensée autant que d’action.
Léopold Sédar Senghor
Elara Bertho
Léopold Sédar Senghor eut tous les honneurs : premier Africain agrégé de grammaire, poète célébré dans le monde entier, premier président du Sénégal, académicien. Mais il fut également la cible de très nombreuses critiques : il fut en effet accusé d’essentialisme pour avoir inventé la négritude, d’autoritarisme pour avoir fait emprisonner ses opposants, de complaisance envers la France pour n’avoir jamais rompu avec l’ancienne puissance coloniale. Difficile aujourd’hui de faire un portrait nuancé de Senghor qui affronterait véritablement le bilan politique de cet homme d’État tout en rendant justice à la grande actualité de sa pensée poétique et philosophique. C’est pourtant la ligne de crête que cette biographie entend emprunter, loin de l’hagiographie, loin des anathèmes.
À l'école des mauvaises réputations
Margot Déage
L’école est le théâtre de conflits réguliers qui se prolongent désormais en ligne. Ce livre analyse comment les élèves en viennent à subir du harcèlement, une situation dans laquelle ils et elles endurent des agressions répétées et ne sont plus en mesure de se défendre. À l’adolescence, l’intégration de l’élève dépend de sa réputation, des jugements du groupe à son égard. Les attentes sont très différentes pour les filles et pour les garçons. À cet âge conformiste, dire qu’un ou une élève « a une réputation » signifie qu’il ou elle a une « mauvaise » réputation, qui en fait potentiellement la cible de harcèlement et d’exclusion. Cette étude porte sur la manière dont les réputations façonnent les relations au collège et exposent les élèves à des risques. Elle repose sur une enquête qualitative dans quatre collèges franciliens de 2016 à 2018, menée à la fois en présentiel et en ligne (Snapchat et Instagram), et sur une enquête quantitative.
L’État de l’exil
Danny Trom
Qu’est-ce que l’État d’Israël ? Cet État a échoué à se donner une constitution car il ne le sait pas lui-même. Pour élaborer une réponse, ce livre soutient que de Jérusalem l’on doit regarder en direction de Tel-Aviv, là où la naissance de l’État fut déclarée, et plus loin en direction de l’Europe, là où il fut préparé. Émergent alors les logiques contradictoires qui ont conduit à sa naissance et lui ont imprimé son étrange physionomie. Ce faisant, ce livre décrit aussi ce que cet État n’est pas, en dessinant, en creux, ce qu’il ne devrait pas être et qui pourtant le travaille de l’intérieur, telle une potentialité redoutée. Cette approche n’est pas affaire d’opinion mais s’ancre dans la trajectoire historique des Juifs d’Europe. Israël n’est pas un État-nation parmi d’autres mais l’État de l’exil qui s’offre en modèle à l’organisation de la société des nations modernes.
Le sauvage et le politique
Édouard Jourdain
Qu’est-ce que la civilisation ? Qu’est-ce que cette construction étrangère mêlant politique, économie, morale et même écologie, à laquelle nous continuons à nous rattacher comme à une bouée de sauvetage ? Qu’est-ce que la civilisation lorsqu’il devient de plus en plus évident que les « civilisés » le sont bien peu – et qu’en leur nom se perpètrent les pires violences, les pires injustices, jusqu’à la destruction même de la planète ? S’inscrivant dans les pas des figures fondatrices de l’anthropologie anarchiste telles que David Graeber ou James C. Scott, Edouard Jourdain propose un vaste périple au cœur des ambiguïtés de cette si étrange civilisation – et de son double nécessaire : la sauvagerie. Car, bien loin de ne concerner que des simples détails esthétiques ou des divergences de mœurs, le pas de côté du côté du « sauvage » devient une manière de remettre en cause jusqu’aux évidences en apparence les mieux assises de notre « civilisation » : propriété, État, individu, droit, démocratie. Face à l’effondrement de la civilisation issue de la modernité, c’est du côté du sauvage que les civilisés trouveront peut-être de quoi penser enfin leur condition – et ses possibles échappatoires.
En libraire le 22 février 2023
Faire la fête
Philippe Steiner
« Un bon festayre, c’est quelqu’un qui vient participer à la fête en l’animant, en amenant quelque chose, du chant, de la rencontre avec les autres… » Chaque année, durant cinq journées du mois de juillet, une foule vêtue de blanc et rouge, envahit les rues de Bayonne. De jour comme de nuit, dans des panaches de chants et de rires, les fêteurs déambulent d’une animation à l’autre, d’une banda à une autre, d’un bar à une peña. L’ambiance est à la joie. Faire la fête, c’est participer à l’effervescence populaire mais c’est aussi fabriquer l’événement : pour que la liesse advienne il faut faire venir la foule, la distribuer dans la ville sur les différents lieux de consommation et d’animation, la sécuriser et, finalement, la disperser au milieu de la nuit afin de lui permettre de revenir le lendemain. Sur la base de l’observation des fêtes de Bayonne, cet ouvrage explore le monde mal connu des fêtes de rues et propose un cadre d’analyse des événements festifs qui nourrissent le lien social, hier comme aujourd’hui.
Poétique de Madame de Sévigné
Nicolas Garroté
Dans la Recherche du temps perdu, Odette et Swann ne disent pas « faire l’amour » mais « faire catleya » : ils recourent à ce que Proust appelle une « langue moins générale, plus personnelle, plus secrète que la langue habituelle ». De même, dans ses lettres à sa fille, Mme de Sévigné invente une langue à part, un chiffre amoureux et secret qu’elle confectionne à partir de citations, de mots étrangers et d’expressions en tout genre. Durant un quart de siècle (1671-1696), cette langue lui permit d’exprimer de manière spirituelle, authentique et profonde une passion hors du commun que la prose classique était inapte à dire. Par ailleurs, tout en constituant la clef de voûte des Lettres, cette langue répondait, sans doute pour la première fois dans l’histoire, aux exigences fondamentales du genre épistolaire : celles d’être une « conversation entre absents » et un « miroir de l’âme ». Elle apparaît ainsi à la fois comme le ressort essentiel de l’œuvre et le couronnement du genre : comme le secret d’une poétique personnelle – celle de Mme de Sévigné – et la clef d’une poétique générique – celle de la lettre.
Désillusion
Dominique Bourdin, Françoise Cointot et Anne Tirilly
Ce volume aborde les différentes facettes de la notion de désillusion, dans le champ psychanalytique bien sûr, sous les prismes de l’individuel, du social et du civilisationnel. Selon la prédominance des références historiques, théoriques ou cliniques, il s’agit de démontrer le rôle fondamental de la désillusion, ainsi que ses aléas dans la construction du psychisme humain, dans la dynamique de la cure, et plus largement dans ses effets sur les mouvements qui animent la société, c'est-à-dire son impact sur le travail de civilisation et de culture.
Le domaine de Psyché
Françoise Coblence
Construire un livre rassemblant les articles les plus représentatifs de la pensée de Françoise Coblence était plus qu’un hommage : une évidence, du fait de la profondeur et de la diversité de ses textes, jamais réunis jusque-là. Les thèmes qu'elle a examinés sous un prisme psychanalytique (rêve, pensée en séance, pulsions, affects…) sont aussi nombreux que les outils conceptuels auxquels elle a eu recours pour discuter et éclairer l’épistémologie psychanalytique, qu’ils relèvent de l’esthétique (littérature et poésie, image, musique, question de la forme en général) ou d’autres domaines de la philosophie (phénoménologie, politique, éthique…), sans oublier la perspective historique toujours présente. Ainsi, plutôt que de les regrouper en fonction d’une proximité thématique, les directeurs ont pris le parti de les faire se succéder par ordre chronologique de publication, de 1993 à 2020.