Avec ce numéro 59 – première parution de l’Année 2016 – la revue Actuel Marx propose une nouvelle rubrique « Documents » destinée à la publication de textes inédits ou introuvables. Deux notes du psychanalyste hongrois Sándor Ferenczi (1873-1933) rédigées peu après avoir été nommé titulaire de la première chaire de psychanalyse au monde à l’université de Budapest et juste avant son éviction après la chute de la République des Conseils de Hongrie, l’inaugurent. L’une de ces notes « vise à comparer la connaissance analytique de l’âme à la conception marxiste de l’histoire », tandis que l’autre révèle deux archives concernant l’enseignement de la psychanalyse à l’université de Budapest en 1919, sous le gouvernement communiste de Sándor Garbai et Béla Kun.
Ces documents viennent clore naturellement un dossier consacré au rapport entre marxisme et psychanalyse, où il ne s’agit pas de réfléchir à la question du freudo-marxisme et à la relance d’un projet de synthèse doctrinale mais plutôt à se poser la question suivante : comment les grandes crises théoriques et politiques du marxisme l’ont chaque fois conduit à solliciter le discours autre de la psychanalyse, ou l’autre discours auquel elle entend donner droit de cité, celui de l’inconscient. Et ce, paradoxalement, pour y chercher, non pas seulement ce qui lui « manquerait » (une théorie de la « superstructure », des « facteurs subjectifs », de « l’idéologie », etc.), mais au contraire ce que le marxisme était déjà censé « posséder » lui-même, donc en lui demandant un surcroît de matérialisme.
L’on naviguera ainsi dans ce volume de Fromm et Horkheimer à Althusser et Guattari, de Wilhelm Reich à Fanon en passant par Sulamith Firestone… Un dossier auquel ont contribué : Katia Genel, Florent Gabarron-Garcia, Etienne Balibar, Guillaume Sibertin-Blanc, Livio Boni, Hourya Bentouhami et Bertrand Ogilvie.