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L'esprit de la jungle
Iwan Asnawi
« Que restera-t-il de l’humanité lorsque toutes nos forêts auront été brûlées, nos rivières asséchées, nos ressources naturelles épuisées ? » Iwan Asnawi est guérisseur. Il a grandi au cœur de la prodigieuse jungle indonésienne, sur un territoire aujourd’hui dévasté par les plantations de palmiers à huile, et devenu socialement le plus dangereux du pays. Par son histoire, il est le témoin des conséquences écologiques, culturelles et sociales désastreuses de la déforestation massive imposée par la dictature militaire. Au fil de ce récit, Iwan Asnawi rend hommage au peuple indonésien, à ses traditions, ses clans, ses souffrances, et à son syncrétisme spirituel parfois si déroutant pour les Européens. Humaniste, militante, sa parole est un plaidoyer pour tous ceux qui se battent pour protéger leurs forêts, leurs savoirs et notre avenir.
Être la rivière
Sacha Bourgeois-Gironde
En 2017, le fleuve Whanganui est reconnu dans la loi néozélandaise comme personne vivante et tout indivisible. C’est là la concrétisation de la croyance proverbiale des riverains maoris : « Je suis la rivière et la rivière est moi. » Le texte de loi entend sceller une relation à une entité naturelle qui va au-delà de la seule logique de sa protection. C’est une identification de l’homme et de son environnement qui est en jeu, et une capacité transformatrice mutuelle. La rivière n’est donc pas figée dans son identité, ni sacralisée. Elle devient un acteur du droit ; elle entre dans des relations humaines. Comment le droit peut-il ainsi transformer notre rapport à la nature et intégrer des conceptions qui semblent déborder de ses cadres conceptuels habituels ? La rivière est-elle encore un bien, public ou commun ? Dans quel sens est-elle, plus qu’une personne morale, une personne vivante ? Et, finalement, qu’est-ce qu’« être la rivière » et qui peut y prétendre ?
Réanimer la nature
Val Plumwood
En 1985, attaquée par un crocodile dans le parc national de Kakadu, Val Plumwood échappe à une mort a priori certaine. Pour l’écoféministe australienne, en une fraction de seconde, l’ordre établi entre humains et nature se renverse. Comment, en tant qu’être humain, peut-elle être reléguée au statut de proie ? Cette rencontre initiatique met au jour l’idée, enfouie dans une strate culturelle profonde de sa conscience, que l’humain est au-dessus et hors du reste de la nature. Débusquer les mécanismes régissant ce piège occupe dès lors toute la carrière de Val Plumwood. Elle nous lègue dans ce texte un diagnostic précieux et des propositions fécondes pour habiter la Terre comme communauté écologique. Dans l’œil du crocodile, Val Plumwood n’a pas seulement éprouvé sa vulnéra bilité, elle a pleinement mis à l’épreuve le fantasme de l’exception humaine et de sa résistance.
L'échappée belle
Rémy Oudghiri
L’imprévu a déserté nos vies, a été banni de nos sociétés, toujours plus avides de planification. Nous laissons ainsi se perdre l’essentiel : la poésie insoupçonnée du quotidien, le goût des rencontres, les découvertes du hasard. Il est encore temps de changer notre regard et de pratiquer un art subtil de la fugue. Il faudrait pour cela transformer ce que nous voyons comme des contrariétés – retards, annulations, pannes – en occasions de bifurquer. Et profiter de ces lieux d’évasion facile que sont les bancs publics, les premiers étages des cafés, les halls d’aéroports, les restaurants vides, les escaliers d’immeubles…
Leçons tirées des cendres
Wayne William Snellgrove
Âgé de cinquante ans, celui que l’on surnomme « l’Ours Debout » a vécu plusieurs morts, et plusieurs renaissances. Arraché à sa mère au berceau pour être placé dans une « école résidentielle » dans la province du Saskatchewan, au Canada, il a subi comme des milliers d’enfants autochtones un processus d’assimilation forcée qui l’a conduit sur le chemin de l’autodestruction. À vingt ans, sa vie bascule lorsqu’il rencontre Tony, un homme-médecine qui va lui transmettre l’héritage spirituel et culturel de sa tribu d’origine, les Fishing Lake First Nation. Commence alors son initiation à la « voie rouge », dont il nous transmet les précieux enseignements dans cet ouvrage. Un récit autobiographique qui reflète l’immensité du cœur d’un homme qui a su trouver en lui une source d’amour universel, qui transcende les religions, les cultures et les frontières, et qui nous emmène à la source d’une culture ancestrale dont les enseignements apparaissent essentiels pour prendre soin du vivant dans le contexte de la crise écologique que nous traversons.
Préserver les solitudes
John Muir
Ce texte de John Muir, inédit en français, est un chant à la gloire de la wilderness, cette nature sauvage pas encore totalement dénaturée par l’homme. Forêts profondes aux essences variées, lacs miroitants, ruisseaux murmurants, cascades toniques et montagnes imposantes font la quintessence de ces paysages américains traversés trop vite par une humanité plus préoccupée par leur valeur marchande que par leur beauté, inutile et gratuite. John Muir, inquiet du devenir de ces solitudes, nous les décrit avec précision et amour alors que retentissent les coups de hache des bûcherons… Comment les préserver? En les sanctuarisant comme parcs naturels nationaux ?
Philosophie de l'océan
Roberto Casati
La mer est notre ressource pour respirer, pour nous nourrir, mais aussi pour rêver. Elle fait partie de notre environnement tout en constituant un autre monde, aussi effrayant qu’évocateur, un ailleurs radical. Cette altérité permet à Roberto Casati de la repenser dans une perspective inédite, pour comprendre à quel point elle a fait de nous ce que nous sommes et ce que nous sommes appelés à devenir. Traversant l’océan à bord d’un voilier en marin-philosophe, il embarque le lecteur pour un véritable voyage initiatique. Naviguer dans un espace de liberté qui semble sans limite change radicalement le rapport à l’environnement, aux personnes et même aux objets. Le bateau devient alors une école de vie qui oblige à tout repenser pour agir autrement. La navigation donne vie à une forme de savoir actif : une philosophie de l’océan.
Les désillusions de l’ailleurs
Anne-Sylvie Malbrancke
Anne-Sylvie Malbrancke a séjourné chez les Baruya, une tribu isolée de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle n’a pas d’expérience, ils n’ont pas d’électricité. Elle rêve de rituels et de sorcellerie, leur préoccupation est de ramasser des patates douces... Ce récit de voyage atypique, où la réflexion s’allie à l’humour, raconte la rencontre entre les fantasmes d’une Occidentale et la réalité du quotidien en Papouasie-Nouvelle-Guinée, chez ces anciens cannibales et sorciers christianisés. C’est la rencontre vraie, émotionnelle, physique, anthropologique, avec l’ailleurs. L’auteur, en anthropologie, élève de Godelier et dans la lignée de Descola, insiste sur la nécessité de se décentrer pour accueillir l’autre – ce qui peut être douloureux et périlleux.