UN TRAMWAY NOMMÉ ZEMMOUR
C’est comme un rêve à l’intérieur d’un rêve, un cauchemar dont on ne réveille que pour se rendre compte qu’on rêve toujours et qu’on vient de retomber dans un deuxième cauchemar. Pas un jour ne passe sans qu’on ne nous informe de l'irrésistible progression dans les sondages des intentions de vote pour l'ex-chroniqueur glauque de Ruquier, ce croque-mort à l’œil vitreux, sentencieux et ricanant : un tramway nommé Zemmour. On a vécu quatre ans sous le règne du petit robot, et maintenant on nous menace du petit facho. Clap clap clap. Merci, les gens. Bravo pour ce beau numéro de prestidigitation. L'Histoire se répète une énième fois en film d'horreur. La campagne électorale a donc déjà commencé : six mois avant l’échéance et avec un type qui répète jusqu’à la nausée qu’il ne sait pas encore s’il va se présenter et dont le programme tient sur un post-it – « Mort aux arabes » – mais qui a déjà une équipe de campagne derrière lui depuis les calendes, des milliardaires qui lui mettent des billets dans les poches, des fans à foison, et qui excite toutes les passions tristes des Français, leurs vieux démons et leurs illusions de grandeur. Des illusions pas perdues pour tout le monde : appeler sa maison d’édition Rubempré est d’une ironie sinistre quand on s’est chargé depuis vingt ans de nourrir ses auditeurs de fadaises sur le destin français. Faire passer ses misères pour des splendeurs et ses courtisanes pour des Béatrix, voilà le fonds de commerce du petit Z. Et ça marche.
Ce n’est pas une campagne, c’est un film X. Pendant longtemps, je n'y croyais pas. Il m’a fallu la une de Paris Match pour que je commence à comprendre à quelle sauce on voulait nous manger. Cette photo « volée » du petit Z. et de sa directrice de campagne en train de se papouiller dans la flotte est d’une pornographie sidérante, jamais vue, jamais connue, même pour un torchon comme Match. Sans surprise, elle ne peut que servir l’ex-duettiste d’« On n’est pas couché », transformant le sinistre petit apprenti-sorcier de la guerre civile en irrésistible tombeur : Docteur Éric et Mister Love. À quand la sex-tape ? Qu’importe si le petit Z. fait alors de la peine à sa femme : on sait qu’il vendrait sa mère pour un peu de buzz. Pour le portrait officiel de sa candidature, gageons que ce sera encore plus direct : Zemmour en train de se faire sucer par une femme déguisée en Marianne dans des affiches partout dans les rues. DSK l’a rêvé, le petit Z. l’a fait.
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