Née en 1906, morte en 1975, Hannah Arendt s’est donné pour tâche de penser les dimensions majeures de notre temps : l’avènement de la technique et de la bureaucratie, l’emprise de l’économie sur la politique, l’émancipation des femmes, les divers mouvements de libération – décolonisation, étudiants – du vingtième siècle.
De ses observations et expériences personnelles, elle tire des conclusions singulières – anti-genre devant les féministes américaines, ou universalistes devant le procès juif d’Eichmann –, mais aussi à l’actualité surprenante : qu’il s’agisse de la méfiance généralisée du peuple envers les partis politiques, de la justesse de la désobéissance civile, ou encore de l’acuité du problème de l’apatridie.
Le contexte international de ces derniers mois, fortement marqué par les mouvements de réfugiés, rend nécessaire que l’on écoute les réflexions d’Arendt à ce sujet, forgées des les années 1940, puis 1950.
Hannah Arendt
En 1955, Hannah Arendt enseigne (principalement les théories politiques européennes) durant un semestre à l’université de Berkeley. Elle est arrivée en mai 1941 à New York, après avoir connu le Vel d’Hiv (avant la grande rafle) puis le camp d’internement de Gurs en France durant les plus éprouvantes semaines de sa vie. Cela lui inspirera le grand article « We Refugees » paru en janvier 1943 dans le n° 31 de la revue Menorah , consacré aux Juifs européens avant le nazisme et sous Hitler, puis les pages sur les Sans-Droits et leurs droits dans le deuxième volume, L’Impérialisme, de la trilogie sur le totalitarisme qui assura sa renommée aux États-Unis. Ses positions sur l’apatridie seront reprises dans la Yale Law Review dans une discussion sur « L’expatriation act » de 1954, utilisées encore en 1957 contre ce dernier par le président de la Cour suprême (Earl Warren) qui le conteste comme fondement d’une décision de justice. Le 22 avril 1955, elle jette sur le papier les grandes lignes d’une conférence à venir sur cette condition spécifique des sans-États.
Vous pouvez retrouver ces notes inédites dans le numéro 67 de la revue Cités.
Rencontre
Le mercredi 2 novembre, de 18 à 20 heures, la librairie Vrin (6, place de la Sorbonne, 75005 Paris) accueillera Yves Charles Zarka et Avishag Zafrani pour un débat sur Hannah Arendt, autour du numéro 67 de la revue Cités et d’autres publications.
Sur le même thème
- Hannah Arendt. Totalitarisme et banalité du mal, Annabel Herzog
- La vie de l'esprit, Hannah Arendt