Knut Hamsun

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Cet article provient du Dictionnaire universel des littératures, volume 2, sous la dir. de Béatrice Didier, Paris, PUF, 1994. Écrivain norvégien. Cet autodidacte, qui a vagabondé, exercé les métiers les plus divers, connu la faim et la misère, est un aristocrate de l’esprit dont le tempérament corrosif s’accompagne d’une sensibilité aiguë. Après un impertinent pamphlet sur les États-Unis, il tourne son énergie iconoclaste contre les “ quatre grands ” de la littérature norvégienne. Fustigeant une psychologie primitive de “ traits de caractère ”, il veut rendre l’âme moderne dans toute sa complexité (De la vie inconsciente de l’âme, 1890), un programme souverainement illustré, dans le roman La Faim (1890), qui retrace en “ mots frémissants ”la longue errance et les réactions d’un être hypersensible tenaillé par la faim. Ce type d’ “ homme moderne ” se retrouve également dans Mystères (1897) où, humble, arrogant, exalté, dépressif, rempli de contradictions jusqu’à l’incohérence, le héros est un “ étranger de l’existence ”, puis dans Pan (1894), un hymne extatique à la fascinante nature de la Norvège septentrionale dont les pulsations rythment le cours capricieux d’amours aussi flamboyantes et brèves que l’été du soleil de minuit. Après des intermèdes dramatique (Le Moine Vendt, 1902), puis lyrique (Le Chœur sauvage, 1904), Hamsun revient au roman. Sa trilogie Sous l’étoile d’automne (1906), Un vagabond joue en sourdine (1909), La Dernière Joie (1912) étonne par le ton de résignation mélancolique. Le héros est toujours un individu en marge de la société mais, à l’image de Hamsun lui-même, il se sent vieillir : plus qu’acteur, il se sent désormais spectateur de la vie. La vitalité et la verve satirique éclatent cependant de nouveau avec Enfants de leur temps (1913) et La Ville de Segelfoss (1915). Dans une Norvège ancestralement paysanne qui semble céder à tous les vertiges de l’époque moderne, l’auteur dénonce l’intrusion de l’affairisme, de l’artificiel, du frelaté, du clinquant. Un acte de foi suivra, l’hymne du retour à la terre, le majestueusement simple Fruits de la terre (1917) que récompensera le prix Nobel (1920). Après Les Femmes à la fontaine (1920) et Le Dernier Chapitre (1923), satires amères et grinçantes où apparaît toute l’ampleur de la crise qu’a provoquée en lui la guerre, Hamsun revient à des thèmes antérieurs. Dans la trilogie Les Vagabonds (1927), Auguste (1930), La Vie continue (1932), le cadre est encore celui d’une Norvège soumise aux agressions du monde moderne, mais la sympathie de l’auteur pour August, le vagabond, l’homme des temps nouveaux et des rêves fous atténue sensiblement la virulence de la protestation. Compromis avec l’occupant, il publiera encore après la guerre un court et talentueux volume de justification : Sur les sentiers où l’herbe a repoussé (1949). u Œuvres traduites in B. Bernhardt, La Norvège, Oslo, 1970. — Nouvelles traductions ou rééditions parues depuis : chez Calmann-Lévy : Sous l’étoile d’automne, 1978 ; Un vagabond joue en sourdine, 1979 ; La Dernière Joie, 1979 ; Benoni, 1980 ; Rosa, 1980 ; Enfants de leur temps, 1983 ; Les Femmes à la fontaine, 1982 ; La Ville de Segerfoss, 1984 ; Sur les sentiers où l’herbe repousse, trad. fr. R. Boyer, 1981 ; Mystères, 1976 ; Victoria, 1977 (réédité chez Flammarion en 1984 avec introd. de R. Boyer) ; Le Dernier Chapitre, trad. fr. I. Guilhon, 1976. — Chez Oswald : Pan, 1972 (trad. fr. G. Sautreau). — Chez Grasset : Les Vagabonds, traid. fr. J. Petithuguenin, 1986. — Aux Presses Univ. de France “ Quadrige ” : La Faim, 1986.
HAMSUN Knut, 1859-1952
l A. Østby, Knut Hamsun. En bibliografi, Oslo, 1972.
É. Eydoux