Jean-Yves Lacoste

Heidegger disait que la seule biographie possible du philosophe était “il est né, il a travaillé, il est mort. N’ayant pas encore honoré le troisième point, je me laisse envahir par le second. Cela s’est d’ailleurs passé de manière sinueuse. Entré rue d’Ulm avec l’intention d’apprendre un peu de grec, découvrant en cours de route les Pères grecs, glissant de la théologie pré-scolastique des Pères à la pensée post-scolastique de Kierkegaard sans cesser d’avoir de la phénoménologie sous mon oreiller, je présume que je suis un hybride clasicco-philosophico-théologique. La chance de vivre en plusieurs pays (Israël, Belgique, Angleterre, Allemagne...) m’a ouvert d’intéressantes perspectives : la philosophie analytique, par exemple, s’apprend à Oxbridge ou ne s’apprend pas du tout ; la phénoménologie s’apprend en France et se désapprend en Allemagne. Etc. D’où peut-être une certaine non-appartenance. AXES DE RECHERCHES: Depuis mes premiers textes, tous mes travaux ont eu pour but d’explorer la zone de confins qui sépare sans les séparer philosophie et théologie. Au lieu donc de postuler l’existence d’une limite (telle que x serait d’un côté et y de l’autre), j’ai défendu et défends l’existence d’une zone frontalière où nul ne sait exactement si x appartient à la théologie ou à la théologie, et où le plus souvent x appartient à l’une et à l’autre. Pour ce faire, les instruments de travail ont été ceux de la phénoménologie, tant husserlienne que heideggerienne.