Florent Champy

J’ai été formé à l’École Normale Supérieure de Paris, où j’ai passé l’agrégation de sciences sociales. Chercheur au CNRS depuis 1996, j’ai conduit des recherches principalement sur les mondes de l’architecture, et sur la sociologie des professions et les théories du travail professionnel. Je m’intéresse maintenant à la place de la prudence dans nos sociétés, notamment à travers le travail professionnel et les débats sur le principe de précaution.A travers tous ces sujets, c’est la complexité du monde social, et notamment des activités de pensée face à l’incertitude, qui m’intéresse. Comment concevoir un projet d’architecture ? Comment tenter de formaliser le travail professionnel, en sorte de le rendre le moins subjectif possible et de répondre aux exigences de prévisibilité de plus en plus fortes qui lui sont adressés, tout en laissant aux professionnels l’autonomie suffisante pour traiter de problèmes pour une large part imprévisibles ? Comment se mettre d’accord face aux risques qui traversent nos sociétés ? Ces questions en apparence très éloignées renvoient à une même difficulté : celui de la régulation des choix et de la coopération en situation d’incertitude. Le constat dont je pars est qu’en étudiant les spécificités des activités de pensée qui permettent de faire face à ces difficultés, la sociologie peut jeter un éclairage nouveau sur des phénomènes sociaux qui retiennent son attention par ailleurs : les luttes intraprofessionnelles, la capacité de groupes sociaux à anticiper des risques et à y faire face, les difficultés du travail professionnel, voire les crises financières. Ce qu’il s’agit finalement de comprendre, ce sont les modalités et les limites des activités prudentielles dans nos sociétés.