Bertrand Russell

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Cet article provient du Dictionnaire d’histoire et philosophie des sciences, sous la dir. de Dominique Lecourt, RUSSELL Bertrand, 1872-1970 Mathématicien et philosophe anglais dont les travaux avec A. N. Whitehead (Principia mathematica, 1913), au début du xxe s., ont permis de fixer le langage formulaire de la logique classique. On lui doit, à la suite de la découverte du paradoxe des ensembles (1902), la distinction entre les notions de classe et de multiplicité : il y a des totalités si grandes qu’il est impossible de les considérer comme des classes ; ce sont des multiplicités. B. Russell est un philosophe réaliste, qui s’est opposé aux néo-hégéliens, comme Bradley, contre lesquels il affirme une réelle pluralité du monde, un atomisme logique et l’axiome des relations externes : le monde n’est pas une réalité une où tout est connexe ; c’est une pluralité de faits isolés et de relations indépendantes les unes des autres. Il a aussi pris ses distances à l’égard du pragmatisme (W. James) auquel il reproche d’avoir confondu la vérité avec des intérêts humains et auquel il oppose une “ humilité cosmique ” face à la vérité. Sa philosophie applique avec systématicité le rasoir d’Ockham ( “ ne pas multiplier les entités sans nécessité ” ) et substitue aux questions métaphysiques une “ grammaire philosophique ” où l’analyse logique poussée à ses extrêmes limites indique combien le langage naturel exerce une emprise sur nos esprits et nous pousse à confondre la propriété des symboles avec celle des choses. Un symbolisme conséquent de l’écriture logique nous permet selon lui de dissiper quelques-unes des méprises dues au langage ordinaire. Ses engagements politiques furent nombreux : il fut emprisonné durant là Première Guerre mondiale pour son combat pacifiste ; il lutta pour la participation des femmes au scrutin. Le développement de la puissance nucléaire à la fin de la Seconde Guerre mondiale l’a déterminé à s’engager dans des campagnes pour le désarmement. l The Principles of mathematics, Londres, Allen & Unwin, 1903. — Philosophical Essays (1910), trad. fr., Paris, puf, 1996. — Problèmes de philosophie (1912), trad. fr., Paris, Payot, 1980. — Principia Mathematica (avec A. N. Whitehead), Cambridge, Cambridge Univ. Press, 3 vol., 1910, 1912, 1913. — Our knowledge of the external world as a field for scientific method in philosophy, Chicago/Londres, Open Court, Allen & Unwin, 1914 (trad. fr., La méthode scientifique en philosophie, rééd., Paris, Payot, 1971). — Philosophie de l’atomisme logique (1918), trad. fr., in Écrits de logique philosophique, Paris, puf, 1992. — Signification et vérité, trad. fr., Paris, Flammarion, 1969. — Logic and Knowledge, Essays (1901-1950), éd. R. Ch. Marsh, Londres, Allen & Unwin, 1956, 1959. — My philosophical development, Londres, Allen & Unwin, 1959 (trad. fr., Histoire de mes idées philosophiques, rééd., Paris, Gallimard “ Tel ”, 1961). u Benmakhlouf A., Bertrand Russell l’atomisme logique, Paris, puf, 1996. — Rivenc F., Recherches sur l’universalisme logique, Russell et Carnap, Paris, Payot, 1993. — Schilpp P. A., The philosophy of Bertrand Russell (1944), rééd., La Salle (Ill.), Southern Illinois Univ., 1971 (avec plusieurs articles dont ceux de Gödel, Einstein, Moore, Nagel, Russell). — Schoenman R., Bertrand Russell Philosopher of the century, Londres, G. Allen & Unwin ltd, 1967 (avec plusieurs articles dont ceux de Ayer, Kreisel, Putnam, Quine, Reinchenbach). — Vernant D., La philosophie mathématique de Bertrand Russell, Paris, Vrin “ Mathesis ”, 1992. Ali Benmakhlouf
4e édition revue et augmentée, Paris, PUF, coll. “ Quadrige/Dicos poche ”, 2006.